Est-il possible de vivre une consécration en couple ?

Nombreux sont les prêtres, les religieux ou religieuses qui à un moment donné de leur vocation ont senti un chemin nouveau s'ouvrir devant eux lorsqu'ils ont découvert qu'ils pouvaient partager leur vie de foi auprès d'une autre personne qu'ils aimaient.

Apparemment en rupture avec leurs engagements précédents, ils pensent vivre dans la continuité de leur appel initial. Mais parler de continuité fait naître l'incompréhension.

Pourtant Dieu est fidèle et il sait par quel chemin, il nous mène.

La continuité des voeux est possible, il s'agit là de vivre une vie de foi et de prière en couple, une vie cachée à l'exemple de Joseph et de Marie à Nazareth.
Qu'en pensez-vous ?

Ton post fait naître trois questions :
1. Quel était objectivement l'appel initial ?
2. Où se situe la rupture ?
3. Etre appelé à une vie de prière et de foi est l'appel commun des baptisés, quelle est la consécration spécifique ?

Je réponds à la question du point de vue de celle qui partage la vie d'un ex-religieux prêtre.

1 - Quel était objectivement l'appel initial ? : L'appel initial, pour moi, il n'y en avait pas. Cela a été un appel tout court. L'appel a été celui d'une vie avec la prière placée au centre. Difficile à accepter au départ par rapport à la condition de religieux-prêtre de mon mari et du poids de l'institution catholique, il a fallu beaucoup de temps pour discerner celui-ci. Si je n'avais pas reconnu cet appel en question, absolument jamais je n'aurai continué dans cette voie. Nous sommes convaincus du bien fondé de ce que nous vivons. A ce jour, si le mariage des prêtres étaient autorisé dans l'église catholique romaine, je pense qu'il y aurait une proportion non négligeable de couples "sacerdotaux" comme dans l'église orthodoxe. A vivre, cet appel, je comprends de moins en moins le positionnement de Rome sur le sujet.

2 - Où se situe la rupture ? : La rupture est consommée quand le droit canon de l'église s'exerce sans appel et dès lors que les voeux sont rompus. Peut-on vraiment parler d'une rupture si on se place à un autre niveau de réflexion ? Effectivement, pour moi aujourd'hui, la réponse est non, il n'y a pas eu de rupture dans la vie de foi de mon mari et dans la mienne non plus. La difficulté majeure a été et est encore le rejet de l'église catholique pour les personnes évoluant dans leur vie consacrée. Les couples au service de l'Eglise ont existé très longtemps dans l'église primitive. Dans le nouveau testament, on peut voir l'exemple de Priscille et Aquila. Dans le livre de Cochini, un prêtre appelé à l'épiscopat a décrit, dans une très belle lettre, ce qui le lie à sa femme (le mariage était encore autorisé).

3 - Etre appelé à une vie de prière et de foi est l'appel commun des baptisés, quelle est la consécration spécifique ? : On pourrait en dire autant de la vie des religieux. Quel besoin de reconnaître la vie consacrée de célibataire si on ne reconnaît pas la vie consacrée des couples ? Tout est dans la définition du mot "consécration".

Merci pour votre contribution.

Merci pour votre réponse.

1. Sur l'appel initial, ma question s'adresse plutôt au prêtre et/ou religieux, je parle de l'appel à la vie consacrée ou au sacerdoce ministériel. Je parle de l'appel objectif, au sens où il est discerné et défini par l'Institution, et non de l'appel subjectif, au sens de la manière dont il est vécu. Ainsi l'appel objectif au sacerdoce est aussi un appel au célibat, quoi qu'il en soit de l'intensité avec laquelle cet appel au célibat est vécu subjectivement.

2. La rupture n'est-elle qu'apparente ou du côté de l'Institution ? Il me semble insuffisant de dire qu'il y a une continuité dans la vie de foi, car il y a tout de même une rupture objective des vœux, non ? Ainsi le problème n'est pas qu'un prêtre soit marié (cela s'est fait et se fait encore), mais qu'il le soit en rupture de ses vœux. Vous paraissez un peu amère envers l'Eglise, mais elle ne force personne à prononcer des vœux, ni n'oblige personne à se marier. Pourquoi lui reprocher sa fidélité à ce qu'elle a proposé, à savoir un engagement définitif ?

C'est intéressant de penser à une vie consacrée de couple Il me semble que le mariage est une consécration du couple, qui engage à une vie de prière et de foi en couple. On ne le appelle peut-être pas assez. Cette consécration rend sacré les devoirs de fécondité et de fidélité, de la vie conjugale en général. Il se trouve qu'objectivement, l'appel au sacerdoce dans l'Eglise catholique exclut l'appel à une vie de couple dans le mariage. C'est donc le problème du discernement qui est posé, car si deux appels se présentent subjectivement mais son en opposition objective, l'un des deux doit être simplement subjectif.

Mes amitiés à Elie !

Merci Pascal pour ta contribution à ce forum

Je réponds de façon globale:
Si le sacerdoce est lié habituellement au célibat, il existe objectivement en-dehors de celui-ci y compris dans l’Église catholique romaine. Comme l'ont dit le pape, le cardinal Parolin (lors de sa nomination), la question reste ouverte. Il s'agit avant tout d'une discipline, certes appuyé sur une théologie et une spiritualité très profonde, mais on pourrait faire une théologie et une spiritualité tout aussi profonde pour le sacerdoce marié.  Je te renvoie à mon ébauche théologique sur le site. Je rappelle qu'il ne s'agit pas d'opposer les deux possibilités mais de l'ouvrir.
Sur la question du discernement initial... la possibilité d'un sacerdoce marié n'existe toujours pas dans notre Église d'Occident donc difficile de comparer et de faire un choix en toute objectivité. Si un jeune homme se présente au séminaire aujourd'hui avec ce désir, on l'enverra se marier. Donc difficile évolution.

Malgré le discernement, l'accompagnement... il y a des échecs pour des motifs divers. Que fait-on objectivement dans l’Église pour ces 'ex' qui peuvent vivre douloureusement leur situation sans compter l'incompréhension voire le rejet de l'Institution.
Parmi ces personnes qui vivent comme un échec la sortie des Ordres, il y en a qui le vivent comme un nouvel appel, une renaissance.

Sur la question de la rupture des vœux, c'est là que notre proposition est plus originale.
Comme tu le soulignais l'aspect de consécration existe dans le mariage et il n'est pas assez développé encore. Nous pensons et voulons vivre cette dimension de façon plus radicale, tout comme le font ceux qui vivent dans le célibat consacré. Nous 'militons' pour la reconnaissance de cette forme de consécration nouvelle.
Si un jour existe une reconnaissance de cette forme de consécration, qu'est-ce qui empêcherait de passer d'une consécration à l'autre? (cf IIa IIae Q 88 article 12)  That is the question  

Quoiqu'il en soit des situations, notre communauté l'Arbre de Jessé se veut être une réponse, un accompagnement.

Le débat mérite d'exister, et nous devons être rigoureux sur la définition du problème. Je reviens donc à mes trois points :
1. L'appel initial : Admin écrit L'appel initial, pour moi, il n'y en avait pas. Cela a été un appel tout court. Bon, donc il y a eu un appel, et le premier peut être appelé un appel initial. Pour ce qui te concerne toi, quel a été cet appel, objectivement et subjectivement ? Tu y as répondu et tu t'es engagé comme un époux envers son épouse.
Je pense que la question n'est pas celle du célibat sacerdotal, mais celle de la possibilité de rompre un voeu de célibat.
2. La rupture. Admin écrit il n'y a pas eu de rupture dans la vie de foi de mon mari et dans la mienne non plus Dans la vie de foi peut-être, mais dans l'engagement ? Comment intégrer cette rupture dans la volonté d'une consécration ?
3. La continuité des vœux , mais de quels vœux parle-t-on ?

Je sais que ces questions sont certainement en toi une blessure sans doute pas totalement refermée, j'espère ne pas en rajouter...

Vous parlez de rupture mais de notre côté, nous parlons bien de continuité (voir cf Somme théologique). La rupture, c'est l'église catholique qui l'a prononcée en vertu du droit canon en vigueur donc légitimement, le droit étant une nécessité humaine pour déterminer ce qui bien est ou mal au quotidien et pouvoir agir en conséquence. Ca peut changer... Il y a un gros millénaire, c'était différent. A aucun moment, nous n'avons pu nous exprimer sur le bien fondé de notre appel qui est, pour l'institution, inaudible.

Je laisse Elie répondre pour le reste puisqu'il me semble que le message lui est adressé plus particulièrement.

Bonsoir Pascal
J'ai déjà répondu ci-haut sans doute quand tu rédigeais ton propre post.
Amitié

Si l'idée n'est pas a priori absurde, elle est sans espoir.
Einstein

Bonsoir,


Je ne suis pas un grand théologien ni un grand juriste ... mais
Concrètement ça veut dire quoi de vivre une consécration en couple??

pas de réponse??

Voici, Pierre, des éléments très simples de notre vie quotidienne :
- le matin avant d'aller au travail nous prions les laudes dans notre oratoire privé et nous lisons les lectures de la messe,
- après le déjeuner, vers 13h, nous prions les sextes, si nous sommes en retard, ce sont les nones,
- vers 17h/18h nous prions le chapelet puis les vêpres,
- nous lisons les lectures après le coucher des enfants et les complies en fin de soirée.

Bien sûr, la présence des enfants bouscule parfois ce programme quotidien néanmoins nous nous tenons à ce rythme qui peut être aménagé au besoin avec un décalage horaire surtout en période de vacances.

Il n'y a rien d'extravagant ou d'impossible à tenir.